Bordeaux n’est pas le plus ancien vignoble de France, mais il est certainement le plus réputé. Ces origines datent probablement du début du troisième siècle. On lit le romain Ausone, habitant du Saint-Emilion actuel, le chanter dans ses poèmes. Les bordelais estimaient que les vins du narbonnais et d’Italie étaient trop chers et plantent leurs propres vignes.
Nous retrouvons probablement les premières vignes juste au Sud de Burdigala. Elles formeront les prémisses des Graves. Ensuite, un vignoble se crée autour de Saint-Emilion. La vigne plantée est probablement le Bicurta. Nous n’en retrouvons plus de traces.
La British Connection
Le réel essor du vignoble viendra suit au mariage au XIIième siècle entre Henri Plantagenet et Aliénor d’Aquitaine. Aliènor amène son duché en dot, dont la Guyène – fief du bordelais – fait partie. Henri Plantagenet, roi d’Angleterre mais aussi cousin du roi de France, importe le vin bordelais. La cour anglaise en sera très friande et un négoce florissant s’installe.
A cette époque, les Graves forment la région principale de production dans le bordelais. Le style de vin est le clairet, un vin rose foncé. Les Anglais adopteront le terme et le traduisent en claret, même s’ils entendent un vin rouge sous cette désignation.
Les négoce entre Bordeaux et l’Angleterre cessera net suite aux hostilités entamés en 1337. La guerre durera plus de cent ans. La France, ayant pris possession de l’Aquitaine, réinstalle le négoce de vin avec l’Ecosse, son nouvel allié.
Une nouvelle région et un classement
Le Médoc ne sera formé qu’au début du 17ième siècle, quand des ingénieurs néerlandais drainent les marécages de cette région. Cette région dépassera vite les Graves en prestige.
Le classement de 1855 des Grands Crus l’atteste car seulement deux domaines des Graves seront retenus : Haut Brion et d’Yquem. D’autres classements allaient voir le jour plus tard : le classement de Saint-Emilion, le classement des crus bourgeois, le classement des graves et enfin le classement des crus artisans.
De la complexité d'une région
Bordeaux montre plusieurs visages. C’est la rive gauche du Médoc et des Graves, la rive droite du Libournais et des Côtes, l’Entre-deux-Mers et les Bordeaux (supérieurs) entre Dordogne et Garonne. Ces trois grandes régions chapeautent 67 appellations au terroir bien distinct.
Les cépages suivent les terroirs. Même si les cépages rouges dominent (80%), on trouve une large proportion de blancs en Graves ou en Entre-deux-Mers. Le merlot prend la part du lion, même si le cabernet-sauvignon est majoritaire en Médoc et en Graves. En blancs, ce sont sémillon et sauvignon blanc qui se disputent la première place.
Une renommée sans égale
Bordeaux, c’est aussi sa renommée. Elle a commencé au début du 18ième siècle quand on Monsieur Pontac a travaillé à augmenter sensiblement la qualité de ses vins. Sulfitage, soutirage, ouillages étaient utilisés. Ce sont des gestes que tous les producteurs pratiquent de nos jours. Monsieur de Pontac était propriétaire du Château de Pontac (qui deviendra plus tard Château de Pez) et de Château Haut-Brion. Il était le premier à vendre ces vins sous leurs noms dans son bar à vin à Londres, le Pontack’s Head. Très vite la réputation de ces vins s’est installé et Pontac arrivait à demander un prix plus élevé pour ses cuvées. C’est le début de la course à la qualité !
Avec la renommée de la région venait aussi l’argent et les hommes d’affaires, surtout d’Angleterre, d’Irlande, d’Ecosse et de Russie. L’argent était investi en Châteaux et bon nombre portent le nom de ces marchands-propriétaires : Brown, Palmer, Kirwan, Prieuré-Lichine, … reflettent sont les signes figés dans la pierre de cette époque de négoce.
Aujourd’hui, le bordelais est le troisième département viticole de France après l’Herault et l’Aude. En revanche, c’est la première région pour les vins d’appellation controlée.